Edité, une première fois, en langue arabe et ce, dans le cadre de l’événement «Alger, capitale de la culture arabe 2007», Guerouabi ou le triomphe du chaâbi sort, cette fois, en français, afin d’embrasser un plus large lectorat. Signant la préface de cet ouvrage de 152 pages, la ministre de la Culture écrit, en substance que «cette publication peut se voir et se lire comme une tentative louable et une heureuse initiative, car elle procède d’un devoir de mémoire envers cet expert de la poésie chantée et d’une reconnaissance de son talent et de son œuvre». Et d’ajouter un peu plus loin: «Conscient de la difficulté à cerner la personnalité et l’itinéraire d’un artiste qui s’est effacé pour ne laisser voir que l’art et la magnificence des mots, l’auteur s’aventure à la recherche d’un destin, celui d’un homme qui enchantera, pendant des décennies, un public averti et constant amateur de chaâbi.» L’auteur, pour sa part, notera dans le liminaire que «cette biographie consacrée à El-Hachemi Guerouabi était en maturation pratiquement depuis 1986».
Pour Tazaroute, ce livre «s’apparente à une séquence –- une séquence qu’a imposée le deuil national ressenti à la suite de la disparition de cet immense artiste -- et à un unanime hommage. Guerouabi. Un patronyme. L’auteur qui entre, ainsi, dans le vif du sujet, explique que le nom se suffit à lui-même car il est évocateur d’un «label». Il explique que ce dernier renvoie à un «pan entier de l’histoire du chaâbi et de la musique algérienne». Si le pari de l’artiste ne semblait pas évident, au départ, il aura réussi à faire aimer ce genre populaire aux jeunes, en le modernisant. «Cela n’a pas empêché les puristes de crier au scandale» mais cela n’atteindra pas l’artiste, bien au contraire. Fervent admirateur de Hadj M’Rizek, Guerouabi imposera, toutefois, très vite son style. Abdelkrim Tazaroute relève que «par petites touches, Guerouabi a fait évoluer le chaâbi avec l’air du temps». Adopté par le public, dès ses débuts, Guerouabi gardera la même constance. «Un parcours sans faille», notera encore Tazaroute. Du chapitre consacré aux Premiers pas de l’enfant de Belcourt dans le monde artistique, jusqu’à L’ultime concert, en passant par Les années Elbarah, L’exil et la déchirure et L’hommage qui lui a été rendu par les professionnels et les fans, à l’annonce de sa mort, l’auteur revient sur le parcours exceptionnel d’un artiste qui, en dépit des mille et un aléas de la vie, a réussi à se hisser au rang suprême de son art. Il y demeure encore aujourd’hui, même après sa mort, son immense talent lui ayant assuré l’éternité.
Il est à noter que ce livre n’évoque pas la vie privée de l’artiste. «Je me suis appliqué à ne m’intéresser qu’au phénomène Guerrouabi dans la sphère de la chanson algérienne, tout en m’interdisant toute incursion dans la vie privée de l’artiste», indiquera Abdelkrim Tazaroute. Né en 1956 à Béjaïa, Abdelkrim Tazaroute a embrassé la carrière de journaliste en 1981. Il s’est particulièrement intéressé au cinéma et à la biographie d’artistes algériens au long parcours professionnel. Hassina A. Abdelkrim Tazaroute, Guerouabi ou le triomphe du chaâbi, ed.
Anep, Alger, 2009, 152 pages