Après plusieurs années de laisser-faire, le gouvernement tente de mettre fin à l'anarchie qui règne dans l'économie nationale. Au menu de l’action des autorités, des campagnes anti-corruption dans la passation de marchés publics et des enquêtes fiscales qui touchent la quasi-totalité des entreprises privées.
Depuis quelques mois, les services de sécurité mènent une campagne anti-corruption qui vise les conditions de passations de marchés par les administrations et les entreprises à capitaux publics. Des cadres du ministère des Travaux publics ont été placés sous mandat de dépôt dans le cadre de l'enquête sur les conditions de réalisation de l’autoroute Est-ouest, le plus grand projet d'infrastructure de base au monde. Plusieurs autres secteurs sont concernés par les mêmes enquêtes. Même la compagnie nationale d'hydrocarbures Sonatrach n'a pas été épargnée par cette campagne. Son PDG a été placé sous contrôle judiciaire et de hauts cadres de cette société ont été arrêtés et placés en détention préventive.
Ces enquêtes ont certes révélé l'étendue de la corruption dans les entreprises et les administrations publiques. Mais elles ont eu un effet inattendu, en provoquant le blocage d'une partie de l'appareil économique national. De nombreux responsables d'entreprises publiques évitent désormais de prendre des initiatives de gestion de crainte de se retrouver en prison. « Aujourd'hui, tout acte de gestion peut conduire son auteur en prison », déplore le directeur général d'un groupe public qui a requis l'anonymat. « Les juges ne cherchent pas à comprendre, poursuit-il. Pour eux, une entreprise ou une administration publique c’est la même chose. Ils appliquent le code des marchés publics à tout le monde ».
Cette situation a rendu les gestionnaires et les responsables publics très prudents. « Pour un document qu’on obtenait en quelques jours auprès d’une administration, maintenant, il faudra attendre plusieurs mois. Personne ne veut prendre la responsabilité de signer de crainte d’être accusé de corruption », témoigne le directeur financier d’une entreprise privée.
Cette surpénalisation de l’acte de gestion a provoqué un climat de panique parmi les gérants des entreprises publiques. « On confond tout. La corruption, une erreur de gestion, un investissement non rentable, etc. Tout cela est considéré comme une volonté de sabotage de la part du manager. Les juges ne connaissent presque rien à la gestion des entreprises publiques », poursuit le même directeur général.
En fait, le gouvernement demande rarement des comptes à des gestionnaires dont les entreprises ont fait faillite. « Les directeurs qui essaient de faire des choses, de prendre des initiatives sont surveillés et risquent à tout moment d'être arrêtés et mis en prison pour un simple acte de gestion », ajoute-t-il. Pour lui, certes, « les corrompus doivent être arrêtés et mis en prison, mais il faut dépénaliser l'acte de gestion sinon les entreprises continuent à souffrir ».
En privé, les directeurs de banques, les responsables dans les entreprises publiques confient qu'actuellement, leurs mains « sont ligotées ». « Tout est pratiquement bloqué. Les banquiers publics se méfient de tout et refusent poliment de traiter avec le privé », déplore le directeur d'une PME.
Si dans le public la crainte de la prison provoque l'immobilisme, dans le secteur privé, la principale source d'inquiétude est liée aux enquêtes fiscales qui touchent de nombreux groupes. « Dans le public, les gens ont peur d'aller en prison à cause d'une erreur de gestion, dans le privé, les chefs d'entreprises redoutent la visite des inspecteurs des Impôts. Du coup, personne n'ose contester publiquement les décisions du gouvernement », affirme le patron d'un groupe privé. Les déclarations, jeudi dernier, d’Ahmed Ouyahia sur les « ennemis de l’Algérie » qui contestent les décisions contenues dans la LFC 2009 ont été perçues comme un ultime avertissement aux patrons qui osent encore émettre des réserves sur la gestion de l’économie nationale.
D'autres chefs d'entreprises se plaignent des difficultés d'accéder aux financements bancaires et de blocages administratifs de leurs projets. « Actuellement, personne ne vous reçoit, ni vous répond sur des questionnements liés à des projets et à des investissements en attente. On ne comprend absolument rien. Tout est bloqué », affirme un autre dirigeant d'une entreprise privée.
Aux enquêtes sur la corruption et les redressements fiscaux s'ajoute la situation politique difficile marquée par des rumeurs sur la santé du président de la République et l'identité de l’auteur ou des auteurs de l'assassinat du directeur de la police Ali Tounsi. Vendredi, le premier ministre Ahmed Ouyahia a accusé des mains étrangères d'être derrière ces rumeurs et a démenti l'existence de dissensions au sommet de l'Etat. « Il y a un climat malsain dans le pays qui ne favorise pas l’activité économique», conclut le patron d’un groupe privé.
TSA.
Depuis quelques mois, les services de sécurité mènent une campagne anti-corruption qui vise les conditions de passations de marchés par les administrations et les entreprises à capitaux publics. Des cadres du ministère des Travaux publics ont été placés sous mandat de dépôt dans le cadre de l'enquête sur les conditions de réalisation de l’autoroute Est-ouest, le plus grand projet d'infrastructure de base au monde. Plusieurs autres secteurs sont concernés par les mêmes enquêtes. Même la compagnie nationale d'hydrocarbures Sonatrach n'a pas été épargnée par cette campagne. Son PDG a été placé sous contrôle judiciaire et de hauts cadres de cette société ont été arrêtés et placés en détention préventive.
Ces enquêtes ont certes révélé l'étendue de la corruption dans les entreprises et les administrations publiques. Mais elles ont eu un effet inattendu, en provoquant le blocage d'une partie de l'appareil économique national. De nombreux responsables d'entreprises publiques évitent désormais de prendre des initiatives de gestion de crainte de se retrouver en prison. « Aujourd'hui, tout acte de gestion peut conduire son auteur en prison », déplore le directeur général d'un groupe public qui a requis l'anonymat. « Les juges ne cherchent pas à comprendre, poursuit-il. Pour eux, une entreprise ou une administration publique c’est la même chose. Ils appliquent le code des marchés publics à tout le monde ».
Cette situation a rendu les gestionnaires et les responsables publics très prudents. « Pour un document qu’on obtenait en quelques jours auprès d’une administration, maintenant, il faudra attendre plusieurs mois. Personne ne veut prendre la responsabilité de signer de crainte d’être accusé de corruption », témoigne le directeur financier d’une entreprise privée.
Cette surpénalisation de l’acte de gestion a provoqué un climat de panique parmi les gérants des entreprises publiques. « On confond tout. La corruption, une erreur de gestion, un investissement non rentable, etc. Tout cela est considéré comme une volonté de sabotage de la part du manager. Les juges ne connaissent presque rien à la gestion des entreprises publiques », poursuit le même directeur général.
En fait, le gouvernement demande rarement des comptes à des gestionnaires dont les entreprises ont fait faillite. « Les directeurs qui essaient de faire des choses, de prendre des initiatives sont surveillés et risquent à tout moment d'être arrêtés et mis en prison pour un simple acte de gestion », ajoute-t-il. Pour lui, certes, « les corrompus doivent être arrêtés et mis en prison, mais il faut dépénaliser l'acte de gestion sinon les entreprises continuent à souffrir ».
En privé, les directeurs de banques, les responsables dans les entreprises publiques confient qu'actuellement, leurs mains « sont ligotées ». « Tout est pratiquement bloqué. Les banquiers publics se méfient de tout et refusent poliment de traiter avec le privé », déplore le directeur d'une PME.
Si dans le public la crainte de la prison provoque l'immobilisme, dans le secteur privé, la principale source d'inquiétude est liée aux enquêtes fiscales qui touchent de nombreux groupes. « Dans le public, les gens ont peur d'aller en prison à cause d'une erreur de gestion, dans le privé, les chefs d'entreprises redoutent la visite des inspecteurs des Impôts. Du coup, personne n'ose contester publiquement les décisions du gouvernement », affirme le patron d'un groupe privé. Les déclarations, jeudi dernier, d’Ahmed Ouyahia sur les « ennemis de l’Algérie » qui contestent les décisions contenues dans la LFC 2009 ont été perçues comme un ultime avertissement aux patrons qui osent encore émettre des réserves sur la gestion de l’économie nationale.
D'autres chefs d'entreprises se plaignent des difficultés d'accéder aux financements bancaires et de blocages administratifs de leurs projets. « Actuellement, personne ne vous reçoit, ni vous répond sur des questionnements liés à des projets et à des investissements en attente. On ne comprend absolument rien. Tout est bloqué », affirme un autre dirigeant d'une entreprise privée.
Aux enquêtes sur la corruption et les redressements fiscaux s'ajoute la situation politique difficile marquée par des rumeurs sur la santé du président de la République et l'identité de l’auteur ou des auteurs de l'assassinat du directeur de la police Ali Tounsi. Vendredi, le premier ministre Ahmed Ouyahia a accusé des mains étrangères d'être derrière ces rumeurs et a démenti l'existence de dissensions au sommet de l'Etat. « Il y a un climat malsain dans le pays qui ne favorise pas l’activité économique», conclut le patron d’un groupe privé.
TSA.