En quinze jours, les enquêteurs de la Gendarmerie nationale ont découvert plusieurs dizaines de millions de dinars de faux billets en coupures de 1 000, mis en circulation par des lobbies du trafic de fausse monnaie dans les marchés de gros de fruits et légumes.
Ces lieux de commerce sont devenus la cible préférée des lobbies, d’autant qu’aujourd’hui c’est le seul endroit où ces trafiquants expérimentés peuvent «liquider» leurs faux billets sans être inquiétés par les services de sécurité. Il s’agit des marchés de gros de plusieurs wilayas qui sont «contaminés» par la circulation de fausses monnaies. A Doucen, dans la wilaya de Biskra, les éléments de la Gendarmerie nationale ont démantelé un importanta réseau de trafic de faux billets de 1 000 dinars. Ce coup de filet réalisé par la brigade territoriale de la GN il y a trois jours, a permis de localiser et d’anéantir ce réseau composé de trois trafiquants. C’est suite à des informations précieuses fournies à cette brigade que les gendarmes ont pu mettre fin aux agissements de cette bande.
Les gendarmes se sont déplacés au marché de gros de Doucen où ils ont procédé à une vaste opération de fouille qui a permis de localiser les auteurs de ce trafic et la récupération de 10 millions de centimes en faux billets de 1 000 dinars. Les trafiquants ont été identifiés ; il s’agit de deux clients, B.H et S.L, originaires de la wilaya de Béjaïa. Ils se présentaient tous les jours au marché de gros pour acheter des fruits et légumes, et utiliser les faux billets pour escroquer les commerçants. De dizaines de commerçants ont été victimes de leurs agissements.
Ses «faux» clients ont remis à R.A, commerçant, 7 000 dinars soit sept faux billets de 1 000 en contrepartie d’une quantité de fruits et légumes. Les deux hommes seront alors arrêtés avec preuves à l’appui. Après le démantèlement de ce réseau, les gendarmes de Mohammedia ont découvert, à leur tour, une affaire similaire dans un autre marché de gros de la région. Quatre trafiquants appartenant à un réseau seront interpellés dans le cadre de cette affaire. Ces derniers étaient en activité dans ce lieu de commerce de gros où ils écoulaient leurs faux billets en contrepartie de marchandises. Ils étaient en possession de plusieurs millions de faux billets. L’une de leurs victimes, un commerçant, après avoir appris qu’il avait été payé avec de faux billets, s’est dirigé, vers la brigade de Gendarmerie de Mohammedia pour déposer plainte contre les escrocs. Suite à ces informations, les éléments de la GN ont procédé à l’arrestation de l’ensemble du réseau et récupéré un lot de faux billets. D’autre part, ces deux dernières années, le trafic de faux billets connaît une recrudescence inquiétante. Des milliards de centimes de faux billets ont été écoulés dans les marchés de gros, mais aussi dans d’autres lieux tels que les cafétérias et même des les banques publiques et privées. Même si la lutte menée par les gendarmes contre ces réseaux et qui a permis la localisation et le démantèlement de plusieurs dizaines d’entre eux, les faux billets circulent encore.
Pourquoi les marchés de gros ?
Un lieu sûr pour les trafiquants. Les marchés de gros du pays sont devenus l’eldorado des réseaux de trafic de faux billets. C’est à partir de ces lieux de commerce où des centaines de clients se présentent chaque jour pour s’approvisionner en légumes et fruits que les lobbies de trafic de fausse monnaie sont en activité. Le but est simple : faire circuler le maximum de faux billets, d’autant que les commerçants de gros n’ont pas le temps de vérifier les billets de 1 000. Des lieux où il y a foule et où de grandes quantités de marchandises sont mises à la disposition des clients. Cette donnée a facilié la tâche des trafiquants, surtout que les services de sécurité sontinexistants à ces endroits là. En l’espace de quelques années, les lobbies spécialisés dans le trafic de faux billets ont investi plusieurs milliards de centimes dans ces marchés. Aujourd’hui, les commerçants de gros sont conscients, d’ailleurs beaucoup se sont présentés aux brigades de la GN pour déposer plainte dans le cadre de plusieurs affaires d’escroquerie.
Par Sofiane Abi ( Le jour d'Algerie ).