Très bon article d’Ahmed HAlfaoui paru dans le quotidien « Les Débats » du 12.03.2011 qui mérite d'être lu.
Autres temps, autres mœurs, serions- nous tentés de dire, quand Nicolas Sarkozy se précipite pour reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, dont des représentants lui ont été amenés dans la valise du désormais incontournable Bernard-Henri Lévy (BHL). Mais voilà, le président français ne pense pas un instant à reconnaître un Etat palestinien ou à ranger son veto onusien sur les droits des Sahraouis sur leur pays. Inutile de chercher l'erreur, il ne doit pas y en avoir. Sarkozy + BHL cela ne fait pas d'erreur, du moins pas dans ces cas-ci. Ils vont même plus loin. Selon des sources, citant l'AFP, qui cite des sources diplomatiques, la France serait préparée à effectuer «des frappes aériennes ciblées» sur la Libye. Rien que ça ! Quand les Etats-Unis hésitent, le satellite est prêt à foncer. Tout à commencé avec une visite de Bernard-Henri Lévy à Benghazi la semaine dernière. Inutile de se poser la question de savoir comment les contacts ont été pris et d'où vient l'initiative. On sait seulement que le philosophe s'est rendu sur les lieux en tant que reporter de guerre, de la même façon que pour l'opération «plomb durci» qui a massacré plus d'un millier de Palestiniens et pour d'autres conclusions. Toujours est-il qu'une fois dans la place il aurait contacté le président pour lui dire : «J'ai rencontré des hommes qui me semblent tout à fait remarquables, ce sont les dirigeants de la Libye libre. Accepteriez-vous de les recevoir ?» Et le président (lui) a répondu oui. Le coup est parti et les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès hier, on pouvait lire dans
Libération : «La France, totalement larguée sur le plan diplomatique depuis le début des révolutions arabes, se veut désormais le pays qui mettra l'Europe et la communauté internationale face à ses responsabilités, morales et humanitaires, en Libye» ou encore ceci dans la Charente Libre : «Fidèle à sa méthode éprouvée des coups médiatiques (...), Sarkozy endosse le costume de super-Rambo, flanqué de l'expert tout-terrain BHL. Cette agitation fait-elle une politique ?» Restent à connaître la réaction des insurgés libyens, face à l'initiative de leur CNT et, surtout, celle de l'opinion publique quant à la connexion entre de si tristes individus et les «représentants» d'un mouvement censé, jusqu'à preuve du contraire, libérer un peuple de la dictature. Décidément, ce qui se passe en Libye, en plus de la pollution d'Al Jazeera et de ses concurrentes, devient de plus en plus opaque. On nous sert des massacres à grande échelle, mais on ne nous montre que quelques morts, dans une insoutenable mise en boucle. On nous parle de «peuple libyen», mais après des semaines on voudrait au moins voir le reste de ce peuple grâce auquel Kadhafi, malgré tout ce que l'on sait de sa gouvernance, tient et se permet des manifestations de soutien. Devant ce traitement unilatéraliste, qui prépare à petits pas une «intervention humanitaire», on ne peut s'empêcher de penser au peuple irakien qui, aujourd'hui, après avoir été «démocratisé» est obligé d'affronter les balles d'un gouvernement qui a fait pendre le tyran. «Nous regrettons», disent les banderoles des manifestants irakiens. On peut penser qu'elles disent plus loin les promesses électorales non tenues.
Par Ahmed Halfaoui
Autres temps, autres mœurs, serions- nous tentés de dire, quand Nicolas Sarkozy se précipite pour reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, dont des représentants lui ont été amenés dans la valise du désormais incontournable Bernard-Henri Lévy (BHL). Mais voilà, le président français ne pense pas un instant à reconnaître un Etat palestinien ou à ranger son veto onusien sur les droits des Sahraouis sur leur pays. Inutile de chercher l'erreur, il ne doit pas y en avoir. Sarkozy + BHL cela ne fait pas d'erreur, du moins pas dans ces cas-ci. Ils vont même plus loin. Selon des sources, citant l'AFP, qui cite des sources diplomatiques, la France serait préparée à effectuer «des frappes aériennes ciblées» sur la Libye. Rien que ça ! Quand les Etats-Unis hésitent, le satellite est prêt à foncer. Tout à commencé avec une visite de Bernard-Henri Lévy à Benghazi la semaine dernière. Inutile de se poser la question de savoir comment les contacts ont été pris et d'où vient l'initiative. On sait seulement que le philosophe s'est rendu sur les lieux en tant que reporter de guerre, de la même façon que pour l'opération «plomb durci» qui a massacré plus d'un millier de Palestiniens et pour d'autres conclusions. Toujours est-il qu'une fois dans la place il aurait contacté le président pour lui dire : «J'ai rencontré des hommes qui me semblent tout à fait remarquables, ce sont les dirigeants de la Libye libre. Accepteriez-vous de les recevoir ?» Et le président (lui) a répondu oui. Le coup est parti et les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès hier, on pouvait lire dans
Libération : «La France, totalement larguée sur le plan diplomatique depuis le début des révolutions arabes, se veut désormais le pays qui mettra l'Europe et la communauté internationale face à ses responsabilités, morales et humanitaires, en Libye» ou encore ceci dans la Charente Libre : «Fidèle à sa méthode éprouvée des coups médiatiques (...), Sarkozy endosse le costume de super-Rambo, flanqué de l'expert tout-terrain BHL. Cette agitation fait-elle une politique ?» Restent à connaître la réaction des insurgés libyens, face à l'initiative de leur CNT et, surtout, celle de l'opinion publique quant à la connexion entre de si tristes individus et les «représentants» d'un mouvement censé, jusqu'à preuve du contraire, libérer un peuple de la dictature. Décidément, ce qui se passe en Libye, en plus de la pollution d'Al Jazeera et de ses concurrentes, devient de plus en plus opaque. On nous sert des massacres à grande échelle, mais on ne nous montre que quelques morts, dans une insoutenable mise en boucle. On nous parle de «peuple libyen», mais après des semaines on voudrait au moins voir le reste de ce peuple grâce auquel Kadhafi, malgré tout ce que l'on sait de sa gouvernance, tient et se permet des manifestations de soutien. Devant ce traitement unilatéraliste, qui prépare à petits pas une «intervention humanitaire», on ne peut s'empêcher de penser au peuple irakien qui, aujourd'hui, après avoir été «démocratisé» est obligé d'affronter les balles d'un gouvernement qui a fait pendre le tyran. «Nous regrettons», disent les banderoles des manifestants irakiens. On peut penser qu'elles disent plus loin les promesses électorales non tenues.
Par Ahmed Halfaoui