Une des fugueuses du Ballet national algérien a renoncé à son projet de s’installer au Canada et a regagné, Alger, mardi dernier, selon une source de la troupe nationale.
La danseuse n’aurait pas supporté, toujours selon la même source, les conditions difficiles de son séjour. Pour rappel, vendredi 12 novembre, au terme d’une tournée du Ballet national à Ottawa et à Montréal dans le cadre du Festival du monde arabe et à l’occasion de la commémoration du 1er Novembre, neuf danseurs manquaient à l’appel le jour du retour. Les danseurs s’étaient évadés de l’aéroport. La direction du Ballet, à travers les familles des danseurs, tente de trouver une issue favorable pour les ramener «à la raison». Le ministère de la Culture, dont dépend organiquement le Ballet national, refuse de commenter publiquement l’information et observe un silence étrange dans cette affaire.
«Avec cette fugue générale, c’est non seulement l’avenir du Ballet national qui est mis en péril, mais ce sont aussi les futures délégations algériennes qui seront pénalisées par cette affaire», nous a confié une source au ministère de la Culture. La direction du Ballet national avait pourtant pris toutes les précautions nécessaires, à savoir «la confiscation du passeport» afin d’éviter un tel scénario. Au sein de la délégation, les échos d’une éventuelle fuite le jour du retour fusaient de partout. Au point que l’ambassadeur d’Algérie au Canada, Smaïl Benamara, avait organisé une réception en l’honneur de la délégation, une occasion pour lui de sensibiliser ces jeunes à renoncer à leur projet.
«Il nous a demandé de ne pas mettre la représentation algérienne dans l’embarras et hypothéquer ainsi les chances des futures délégations ; il nous a même promis des visas», nous a confié un des fugueurs, contacté depuis le Canada. L’ambassadeur, à la veille du départ de la délégation, est revenu ensuite à la charge, il s’est déplacé à l’hôtel Espresso à Montréal, où il a eu, selon les témoignages des danseurs restés à Montréal, une discussion houleuse avec eux. Les danseurs comptent introduire, dans les jours qui viennent, des demandes groupées d’«asile politique», aidés par des avocats spécialistes des questions de l’immigration. Si une telle demande aboutit, «ce sont les relations algéro-canadiennes qui en pâtiront, car la situation actuelle en Algérie ne justifie pas une telle requête», avertit un diplomate algérien. Les fugueurs, bénéficiaires de visas de six mois, sont pour l’instant en situation régulière.
El watan.