Chadli Bendjedid, devant deux chercheurs japonais. La teneur de cespropos fut résumée dans plusieurs articles parus en Algérie, notamment dansEl-Watan et Liberté. Vous trouverez ci-dessous un autre article publié sur cespropos dans le site d’Algeria-Watch [lire texte no. 2]. Chadli Bendjedida réagi. Il dément le contenu de l’interview : « Tout ce qui a été donné,disait-il, en mon nom n’a aucune part de vérité. Ce ne sont pas mesdéclarations ; ce sont des contre-vérités, des mensonges et une déformation desvérités » et prétend être la cible de « cercles malveillants » (ilfait pitié, le pauvre !) qu’il n’identifie pas. Les chercheurs japonais, quantà eux, affirment le contraire : « l’interview, rétorquait l’un d’eux, aété réalisée le 4 mai 2008 au domicile du président Chadli […] On a faitl’interview directement en langue arabe […] Avec le consentement de MonsieurChadli, j’ai enregistré la totalité de l’interview » [lire texte no. 1]… Quidit vrai ?
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Texte no. 1
Il dément le contenu de son interview accordée à deux chercheurs japonais
Chadli Bendjedid se dit la cible de «cercles malveillants »
El Watan, 7 octobre 2010, Madjid Makedhi
Source : http://www.elwatan.com/actualite/chadli-bendjedid-se-dit-la-cible-de-cercles-malveillants-07-10-2010-93569_109.php
L’ancien président de la République, Chadli Bendjedid
(1979-1992), réagit aux articles parus dans les quotidiens Liberté et El Watan
qui ont repris ses propos publiés dans une revue scientifique japonaise, The
Journal of Sophia Asian Studies (n° 27).
Il tente tout simplement de démentir le contenu de l’interview accordée à deux
chercheurs japonais, Masatoshi Kisaichi, docteur en histoire et professeur à
l’université Sophia du Japon, et Shoko Watanabe, universitaire japonaise
spécialisée dans les études d’anthropologie, de sociologie et d’histoire du
Maghreb, dont nous avons obtenu une copie. « Tout ce qui a été donné en mon nom
n’a aucune part de vérité. Ce ne sont pas mes déclarations ; ce sont des
contre-vérités, des mensonges et une déformation des vérités », estime-t-il
dans une déclaration faite au quotidien arabophone Echourouk, dans son édition
d’hier.
«Je connais les parties qui ont rapporté ces déclarations. Je connais également
leurs objectifs et leur animosité à mon égard qui ne date pas d’aujourd’hui »,
ajoute-t-il, en défendant son parcours à la tête de l’État. L’ancien président
de la République, qu’El Watan avait tenté de contacter avant la publication du
contenu de son interview, s’est contenté d’accuser la presse qui, à ses yeux,
voulait juste « attenter à sa personne et à sa réputation ». Ainsi, il rappelle
sa fameuse déclaration selon laquelle « l’Algérie est amazigh, arabisée par
l’Islam ».
«Je suis amazigh arabisé par l’Islam et ma position ne changera pas », avait-il
lancé.
Le reste de l’article n’est constitué que de commentaires de son auteur. Dans sa
longue interview accordée aux deux chercheurs japonais qui maîtrisent la langue
arabe, Chadli est revenu sur plusieurs questions relatives aux événements du 5
octobre 1988, l’arrêt du processus électoral en 1992, sa démission de la
présidence de la République en 1992 et l’amazighité à laquelle il a dénié le
fait d’être une composante de l’identité algérienne.
Professeur Masatoshi Kisaichi : « J’ai l’enregistrement… »
Le professeur japonais, Masatoshi Kisaichi, auteur de l’interview de l’ancien
président de la République, Chadli Bendjedid, confirme l’authenticité du
document publié dans la revue scientifique, The Journal of Sophia Asian Studies
(n° 27). Une revue de l’université Sophia de Tokyo. Contacté par email
(Internet), le professeur affirme que « l’interview a été réalisée le 4 mai 2008
au domicile du président Chadli ».
« On a fait l’interview directement en langue arabe », nous déclare-t-il.
Masatochi Kisaichi refuse de polémiquer à ce sujet. Il affirme que l’interview
est totalement enregistrée. « Avec le consentement de monsieur Chadli, j’ai
enregistré la totalité de l’interview », atteste-t-il.Madjid Makedhi
Texte no. 2
Événement
du 5 octobre, processus électoral et question amazigh
Les révélations choc de Chadli Bendjedid
Par : Salim Koudil, Liberté, 4 octobre 2010
Source : http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/revelations_chadli.htm
Un document historique et académique algérien a été
récemment publié au Japon. Il s’agit d’une longue interview accordée par
l’ex-président de la République, Chadli Bendjedid, à deux chercheurs japonais,
Kisaichi Masatoshi et Watanabe Shoko. Ces deux derniers travaillent sur
l’Algérie depuis plusieurs années et ont déjà publié le premier livre en japonais
sur l’Algérie.Liberté a pu se procurer le document écrit en deux langues, arabe
et japonaise. Chadli Bendjedid y aborde, parfois avec une légèreté
déconcertante, des sujets aussi sensibles que l’arrêt du processus électoral,
l’amazighité et les évènements du 5 octobre. Ses déclarations sont quasiment
inédites. Ainsi à la question : le pouvoir algérien devait-il accepter un
gouvernement du FIS ?, l’ex-président a eu cette réponse. “oui, c’est vrai. Si
le pouvoir avait accepté les résultats des élections, on ne serait pas arrivé à
cette dangereuse situation. J’ai voulu que le peuple algérien assume la
responsabilité d’avoir choisi ses représentants en toute liberté (…) il aurait
fallu que nous respections le choix du peuple algérien et donner une chance au
Front islamique du salut (FIS) de constituer son gouvernement.” Se voulant plus
explicite, il dira qu’“il fallait juger le FIS par les lois et la constitution
qui régissent l’état, et le fait de ne pas avoir respecté le choix du peuple a
été une très grande erreur.” Constant dans sa position, il affirma que “la
démocratie a donné au peuple algérien le choix des islamistes en toute liberté,
exactement comme cela s’est passé en Palestine quand le peuple palestinien a
voté pour Hamas”. Sa “lecture” est d’ailleurs anecdotique. Alors qu’il était le
président du pays, il a expliqué que c’était un vote sanction “pour se venger
des responsables du FLN qui ont commis de grandes erreurs à l’encontre du
peuple algérien et dilapidé son argent, c’est ça la vérité”. Sur sa démission
du 12 janvier 1992, Chadli a nié avoir été démis de ses fonctions en relatant
ce qui s’est passé. “j’étais pour le processus démocratique et comme le peuple
algérien avait choisi l’autre camp, nous devions leur donner le pouvoir et la
possibilité de gérer le pays, mais les membres du FLN ont eu peur et ils m’ont
demandé d’annuler les résultats des élections et de les refaire. j’ai refusé
par respect à la constitution et à la promesse que je m’étais donnée quand
j’avais juré sur le Coran de respecter la volonté du peuple algérien (…) quelle
aurait été la réaction de l’opinion nationale et internationale si je les avais
annulées ? Ils auraient pensé que les réformes qu’avait réalisées Chadli
n’étaient qu’une manœuvre pour rester au pouvoir et c’est pour cette raison que
j’ai décidé de tout quitter. j’ai déposé ma démission par respect au peuple
algérien.” D’ailleurs, il insista sur ce point pour affirmer que “celui qui
prétend qu’il y a eu un coup d’état se trompe, parce que j’ai démissionné de
mon plein gré sans pression d’une quelconque partie”.Sur la question amazigh,
Chadli a exposé un point de vue très réducteur et qui va faire sans doute
réagir plus d’un. Ainsi, pour celui qui a présidé aux destinées du pays pendant
12 ans (1980-1992), “l’amazighité est une sorte de tradition et de langue de
quelques tribus appartenant à des civilisations et cultures près-islamiques et
il reste encore peu de tribus qui tiennent encore à ces origines”.
S’improvisant anthropologue, l’ex-président va encore plus loin. “l’amazighité
est une langue qui est dépassée par le temps et qui ne pourra pas se
développer.” avant d’ajouter : “la langue amazigh a disparu.”
Confirmant l’état d’esprit de nombreux représentants du système algérien, et en
revenant sur le printemps berbère de 1980, Chadli n’a pas hésité à relier la
question amazigh avec… la France. “je le dis sincèrement, il y avait un plan
colonialiste de la part des services secrets français pour alimenter le
sentiment d’appartenance à l’amazighité pour gagner la sympathie de ses groupes
et les relier à la France afin de créer des problèmes internes dans le but
d’exercer des pressions politiques sur le gouvernement algérien. et pour
prouver ce que je dis, il faut voir ce que fait la France pour enseigner l’amazighité
dans ses universités.” Il ajoutera que les évènements de 1980 étaient
“politiques sous le couvert de la question amazigh et on peut dire qu’ils
étaient politiques et culturels en même temps”.
Mieux encore, continuant sur la question identitaire, il souligna qu’“il y a
pas de spécificité à la nationalité algérienne ; les algériens appartiennent à
la civilisation arabo-islamique”. Il soutiendra que, mis à part l’aspect
politique, il n’y avait aucune différence entre les algériens, les tunisiens et
les marocains. “du côté culturel, on appartient à la même histoire, culture et
civilisation, qui est l’arobo-islamique. cette appartenance culturelle et
civilisationnelle se prolonge de l’est du monde arabe jusqu’à l’Ouest et tous
nous parlons la langue arabe, mais avec des dialectes différents, rien de
plus”.
à propos du 5 octobre 1988, l’homme de 91 ans insiste en précisant que
“certains membres du FLN” étaient derrière “les évènements”. Selon lui, la
cause des manifestations violentes (le bilan officiel était de 110 morts, alors
que des sources médicales ont donné le chiffre de 500 morts et plusieurs
milliers de blessés) était due au fait que “plusieurs responsables de
l’appareil du FLN, et d’autres aussi, étaient contre la démocratie que
j’essayais d’appliquer. la démocratie, la liberté de la presse et le fait de
permettre au peuple de choisir ses représentants allaient mettre la lumière sur
les erreurs des responsables. Tout cela mettrait en danger les avantages qu’ils
avaient obtenus grâce au parti unique”.
En plus de se présenter comme un démocrate, Chadli Bendjedid s’est aussi
affiché comme un capitaliste convaincu. “je suis celui qui a changé le système
du socialisme au capitalisme”, soutient-il, avant de revenir sur son parcours
personnel. “À travers les longues expériences que j’ai vécues dans le système
communiste de Ben Bella et le système socialiste de Boumediene, qui ont échoué
totalement, j’ai eu une idée complète et claire sur la situation de l’Algérie.”
Il expliquera sa “thèse” en affirmant que “c’est l’immobilisme qui m’a poussé à
décider de changer le système et j’ai réalisé l’importance de léguer le pouvoir
au peuple algérien, et ce, dans le cadre d’une véritable démocratie”.
Cette longue interview publiée dans le n°27 du The journal Sophia Asian Studies
est l’une des très rares interventions de Chadli Bendjedid depuis qu’il a
quitté le pouvoir en janvier 1992. En 18 ans, il a donné deux interviews : en
2006 à l’hebdomadaire algérien Al Mouhakik et en 2007 à El Khabar.
il a également fait une intervention, le 27 novembre 2008, lors du colloque
organisé à El-Tarf en hommage au moudjahid Amar Laskri, dit Amara Bouglez, et
la dernière remonte au 4 décembre 2008 sur les colonnes de Liberté et
d’El-Khabar.
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Texte no. 1
Il dément le contenu de son interview accordée à deux chercheurs japonais
Chadli Bendjedid se dit la cible de «cercles malveillants »
El Watan, 7 octobre 2010, Madjid Makedhi
Source : http://www.elwatan.com/actualite/chadli-bendjedid-se-dit-la-cible-de-cercles-malveillants-07-10-2010-93569_109.php
L’ancien président de la République, Chadli Bendjedid
(1979-1992), réagit aux articles parus dans les quotidiens Liberté et El Watan
qui ont repris ses propos publiés dans une revue scientifique japonaise, The
Journal of Sophia Asian Studies (n° 27).
Il tente tout simplement de démentir le contenu de l’interview accordée à deux
chercheurs japonais, Masatoshi Kisaichi, docteur en histoire et professeur à
l’université Sophia du Japon, et Shoko Watanabe, universitaire japonaise
spécialisée dans les études d’anthropologie, de sociologie et d’histoire du
Maghreb, dont nous avons obtenu une copie. « Tout ce qui a été donné en mon nom
n’a aucune part de vérité. Ce ne sont pas mes déclarations ; ce sont des
contre-vérités, des mensonges et une déformation des vérités », estime-t-il
dans une déclaration faite au quotidien arabophone Echourouk, dans son édition
d’hier.
«Je connais les parties qui ont rapporté ces déclarations. Je connais également
leurs objectifs et leur animosité à mon égard qui ne date pas d’aujourd’hui »,
ajoute-t-il, en défendant son parcours à la tête de l’État. L’ancien président
de la République, qu’El Watan avait tenté de contacter avant la publication du
contenu de son interview, s’est contenté d’accuser la presse qui, à ses yeux,
voulait juste « attenter à sa personne et à sa réputation ». Ainsi, il rappelle
sa fameuse déclaration selon laquelle « l’Algérie est amazigh, arabisée par
l’Islam ».
«Je suis amazigh arabisé par l’Islam et ma position ne changera pas », avait-il
lancé.
Le reste de l’article n’est constitué que de commentaires de son auteur. Dans sa
longue interview accordée aux deux chercheurs japonais qui maîtrisent la langue
arabe, Chadli est revenu sur plusieurs questions relatives aux événements du 5
octobre 1988, l’arrêt du processus électoral en 1992, sa démission de la
présidence de la République en 1992 et l’amazighité à laquelle il a dénié le
fait d’être une composante de l’identité algérienne.
Professeur Masatoshi Kisaichi : « J’ai l’enregistrement… »
Le professeur japonais, Masatoshi Kisaichi, auteur de l’interview de l’ancien
président de la République, Chadli Bendjedid, confirme l’authenticité du
document publié dans la revue scientifique, The Journal of Sophia Asian Studies
(n° 27). Une revue de l’université Sophia de Tokyo. Contacté par email
(Internet), le professeur affirme que « l’interview a été réalisée le 4 mai 2008
au domicile du président Chadli ».
« On a fait l’interview directement en langue arabe », nous déclare-t-il.
Masatochi Kisaichi refuse de polémiquer à ce sujet. Il affirme que l’interview
est totalement enregistrée. « Avec le consentement de monsieur Chadli, j’ai
enregistré la totalité de l’interview », atteste-t-il.Madjid Makedhi
Texte no. 2
Événement
du 5 octobre, processus électoral et question amazigh
Les révélations choc de Chadli Bendjedid
Par : Salim Koudil, Liberté, 4 octobre 2010
Source : http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/revelations_chadli.htm
Un document historique et académique algérien a été
récemment publié au Japon. Il s’agit d’une longue interview accordée par
l’ex-président de la République, Chadli Bendjedid, à deux chercheurs japonais,
Kisaichi Masatoshi et Watanabe Shoko. Ces deux derniers travaillent sur
l’Algérie depuis plusieurs années et ont déjà publié le premier livre en japonais
sur l’Algérie.Liberté a pu se procurer le document écrit en deux langues, arabe
et japonaise. Chadli Bendjedid y aborde, parfois avec une légèreté
déconcertante, des sujets aussi sensibles que l’arrêt du processus électoral,
l’amazighité et les évènements du 5 octobre. Ses déclarations sont quasiment
inédites. Ainsi à la question : le pouvoir algérien devait-il accepter un
gouvernement du FIS ?, l’ex-président a eu cette réponse. “oui, c’est vrai. Si
le pouvoir avait accepté les résultats des élections, on ne serait pas arrivé à
cette dangereuse situation. J’ai voulu que le peuple algérien assume la
responsabilité d’avoir choisi ses représentants en toute liberté (…) il aurait
fallu que nous respections le choix du peuple algérien et donner une chance au
Front islamique du salut (FIS) de constituer son gouvernement.” Se voulant plus
explicite, il dira qu’“il fallait juger le FIS par les lois et la constitution
qui régissent l’état, et le fait de ne pas avoir respecté le choix du peuple a
été une très grande erreur.” Constant dans sa position, il affirma que “la
démocratie a donné au peuple algérien le choix des islamistes en toute liberté,
exactement comme cela s’est passé en Palestine quand le peuple palestinien a
voté pour Hamas”. Sa “lecture” est d’ailleurs anecdotique. Alors qu’il était le
président du pays, il a expliqué que c’était un vote sanction “pour se venger
des responsables du FLN qui ont commis de grandes erreurs à l’encontre du
peuple algérien et dilapidé son argent, c’est ça la vérité”. Sur sa démission
du 12 janvier 1992, Chadli a nié avoir été démis de ses fonctions en relatant
ce qui s’est passé. “j’étais pour le processus démocratique et comme le peuple
algérien avait choisi l’autre camp, nous devions leur donner le pouvoir et la
possibilité de gérer le pays, mais les membres du FLN ont eu peur et ils m’ont
demandé d’annuler les résultats des élections et de les refaire. j’ai refusé
par respect à la constitution et à la promesse que je m’étais donnée quand
j’avais juré sur le Coran de respecter la volonté du peuple algérien (…) quelle
aurait été la réaction de l’opinion nationale et internationale si je les avais
annulées ? Ils auraient pensé que les réformes qu’avait réalisées Chadli
n’étaient qu’une manœuvre pour rester au pouvoir et c’est pour cette raison que
j’ai décidé de tout quitter. j’ai déposé ma démission par respect au peuple
algérien.” D’ailleurs, il insista sur ce point pour affirmer que “celui qui
prétend qu’il y a eu un coup d’état se trompe, parce que j’ai démissionné de
mon plein gré sans pression d’une quelconque partie”.Sur la question amazigh,
Chadli a exposé un point de vue très réducteur et qui va faire sans doute
réagir plus d’un. Ainsi, pour celui qui a présidé aux destinées du pays pendant
12 ans (1980-1992), “l’amazighité est une sorte de tradition et de langue de
quelques tribus appartenant à des civilisations et cultures près-islamiques et
il reste encore peu de tribus qui tiennent encore à ces origines”.
S’improvisant anthropologue, l’ex-président va encore plus loin. “l’amazighité
est une langue qui est dépassée par le temps et qui ne pourra pas se
développer.” avant d’ajouter : “la langue amazigh a disparu.”
Confirmant l’état d’esprit de nombreux représentants du système algérien, et en
revenant sur le printemps berbère de 1980, Chadli n’a pas hésité à relier la
question amazigh avec… la France. “je le dis sincèrement, il y avait un plan
colonialiste de la part des services secrets français pour alimenter le
sentiment d’appartenance à l’amazighité pour gagner la sympathie de ses groupes
et les relier à la France afin de créer des problèmes internes dans le but
d’exercer des pressions politiques sur le gouvernement algérien. et pour
prouver ce que je dis, il faut voir ce que fait la France pour enseigner l’amazighité
dans ses universités.” Il ajoutera que les évènements de 1980 étaient
“politiques sous le couvert de la question amazigh et on peut dire qu’ils
étaient politiques et culturels en même temps”.
Mieux encore, continuant sur la question identitaire, il souligna qu’“il y a
pas de spécificité à la nationalité algérienne ; les algériens appartiennent à
la civilisation arabo-islamique”. Il soutiendra que, mis à part l’aspect
politique, il n’y avait aucune différence entre les algériens, les tunisiens et
les marocains. “du côté culturel, on appartient à la même histoire, culture et
civilisation, qui est l’arobo-islamique. cette appartenance culturelle et
civilisationnelle se prolonge de l’est du monde arabe jusqu’à l’Ouest et tous
nous parlons la langue arabe, mais avec des dialectes différents, rien de
plus”.
à propos du 5 octobre 1988, l’homme de 91 ans insiste en précisant que
“certains membres du FLN” étaient derrière “les évènements”. Selon lui, la
cause des manifestations violentes (le bilan officiel était de 110 morts, alors
que des sources médicales ont donné le chiffre de 500 morts et plusieurs
milliers de blessés) était due au fait que “plusieurs responsables de
l’appareil du FLN, et d’autres aussi, étaient contre la démocratie que
j’essayais d’appliquer. la démocratie, la liberté de la presse et le fait de
permettre au peuple de choisir ses représentants allaient mettre la lumière sur
les erreurs des responsables. Tout cela mettrait en danger les avantages qu’ils
avaient obtenus grâce au parti unique”.
En plus de se présenter comme un démocrate, Chadli Bendjedid s’est aussi
affiché comme un capitaliste convaincu. “je suis celui qui a changé le système
du socialisme au capitalisme”, soutient-il, avant de revenir sur son parcours
personnel. “À travers les longues expériences que j’ai vécues dans le système
communiste de Ben Bella et le système socialiste de Boumediene, qui ont échoué
totalement, j’ai eu une idée complète et claire sur la situation de l’Algérie.”
Il expliquera sa “thèse” en affirmant que “c’est l’immobilisme qui m’a poussé à
décider de changer le système et j’ai réalisé l’importance de léguer le pouvoir
au peuple algérien, et ce, dans le cadre d’une véritable démocratie”.
Cette longue interview publiée dans le n°27 du The journal Sophia Asian Studies
est l’une des très rares interventions de Chadli Bendjedid depuis qu’il a
quitté le pouvoir en janvier 1992. En 18 ans, il a donné deux interviews : en
2006 à l’hebdomadaire algérien Al Mouhakik et en 2007 à El Khabar.
il a également fait une intervention, le 27 novembre 2008, lors du colloque
organisé à El-Tarf en hommage au moudjahid Amar Laskri, dit Amara Bouglez, et
la dernière remonte au 4 décembre 2008 sur les colonnes de Liberté et
d’El-Khabar.