L'ancien dirigeant militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, a été interpellé par la police serbe, a confirmé, jeudi 26 mai, le président serbe Boris Tadic, qui a précisé que l'arrestation avait eu lieu "sur le territoire de Serbie".
Extradition. Selon le site d'information serbe B92, l'homme arrêté se présentait sous l'identité de "Milorad Komadi". Il aurait "présenté des papiers d'identité et des ressemblances physiques avec Mladic". Le TPIY a inculpé Ratko Mladic de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour son rôle pendant la guerre de Bosnie (1992-1995), en particulier le siège de Sarajevo et le massacre de Srebrenica en 1995.
En début de soirée, il a été conduit devant le juge serbe pour les crimes de guerre, à Belgrade, qui doit lui signifier l'acte d'accusation à son encontre. Quelques journalistes ont aperçu Ratko Mladic de dos, entouré de deux gardes, se déplaçant avec difficulté, traversant la cour du Tribunal spécial pour les crimes de guerre, où il était arrivé auparavant. Ratko Mladic devait subir tout d'abord un examen médical, selon la procédure légale. Selon son avocat, l'audition qui avait pu commencer a été interrompue car Mladic "n'était pas en état". Il a précisé que les médecins détermineraient vendredi s'il était en mesure de comparaître.
Boris Tadic a indiqué que le "processus d'extradition vers La Haye", où siège le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), était en cours. Selon des sources citées par la BBC, Mladic pourrait arriver dès jeudi aux Pays-Bas. Le procureur de la TPIY évoquait plutôt un délai d'une semaine avant que l'ancien général de l'armée serbe soit extradé. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, estime, elle, que la procédure prendra entre neuf et dix jours.
Boris Tadic a par ailleurs indiqué que cette arrestation était "le résultat d'une pleine coopération de la Serbie avec le tribunal de La Haye". "Aujourd'hui, nous fermons un chapitre de l'histoire de notre région qui nous mènera vers une pleine réconciliation régionale, a-t-il lancé. Cela retire un lourd fardeau à la Serbie et ferme une page de notre douloureuse histoire."
"Soulagement." Les familles de victimes du massacre de Srebrenica, où quelque 8 000 Musulmans ont été tués en juillet 1995, ont reçu la nouvelle avec "soulagement" après "seize ans d'attente". "Pour nous, c'est vraiment très important", a expliqué Hajra Catic, présidente d'une association locale
Srebrenica, un massacre à huis clos
Avec l'arrestation de Radko Mladic, tous les présumés responsables du massacre de Srebrenica ont été arrêtés. Sur les 161 personnes inculpées par le TPIY depuis sa création en 1993, un seul est toujours en fuite : il s'agit de Goran Hadzic, 52 ans, ancien président de la République serbe auto-proclamée de Krajina, qui s'étendait sur environ un tiers du territoire de la Croatie durant la guerre, est accusé de crimes de guerre et contre l'humanité.
Lemonde.fr